In a world of universal deceit, telling the truth is a revolutionary act, George Orwell

Indignez-vous ! Stéphane Hessel

“Le courage c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques ”.” – Djordje Kuzmanovic




vendredi 28 novembre 2014

Blog post: Crimean Russia snippet [eng]



November 2014

"We are very concerned with the militarisation of Crimea," NATO top general Breedlove said, following his recent meetings with Kiev. [1]  Either NATO is very slow on the uptake, or playing dumb at it suits it, because the Russian MOD has planned the deployment of military units for well over 6 months, and it is only in late Nov, that NATO  expressed  grave ‘concerns’ over this.  This is what they‘d like you & I to think, to try to keep the public afraid of the Russian bear, especially keeping the tensions as high as they are.  Lost in this smoke of subterfuge is a complex reality picture, not as sinister as NATO or the dumb MSN press would like to make it out to be. 

The militarization of Crimea y Russia has been on the agenda for a short while now, however, this probably does not compare to the length of time that NATO probably had its eyes on Crimea for a number of years itself, as a strategically valuable military location. (See this related article for a glimpse of prior US military behavior in the peninsula).   When it comes to NATO being sly, you will not have any public messages to this effect.   NATO itself has steadily crept up to almost Russia’s borders since the end of the Cold War. What was Russia supposed to have done in response for the last 15 years or so?   Yet there are moments such as this, US dialogue on NATO, which turns reality on its head.  This is precisely the bubble that NATO lives in. 

You could say that the Russian had an unexpected burden with regards to Crimea, as the turn of events were so quick & dramatic in March & April.  The Russian MOD had not forecasted getting tens of thousands of ex Ukrainian military personnel or Soviet era material, who switched sides.  Take for instance: “The fleet has also begun to restructure and rearm its 475th Independent Electronic Warfare Center. All of the center’s obsolete hardware (dating back to the Soviet era) will be replaced before the end of 2014.”[2] So if this is what NATO includes in the militarization of Crimea, it is not entirely a build-up of forces, but also a transformation from a paper tiger into a real one. In reality it includes incorporating nearly the entire existing Crimean ex-Ukrainian infrastructure & modernizing it, a military half the size of US forces stationed in South Korea.  The media stories of Russian planes flown in are groundless without understanding part of the context for their deployment. Another extract in an article written in September  states  that “The 43rd Aviation Regiment will soon begin to replace its aircraft with new Su-30SM multirole fighters made by the Irkut Corporation.”

With a steady stream of visiting NATO warships coming & going in the Black Sea, along with a brutal conflict still raging in the east of Ukraine, Russia cannot afford to keep its Black Sea Fleet neglected.  The Fleet’s upgrade prospects changed drastically after the events in March, as previously, Ukrainian governments have been extremely reluctant to allow the Russians to upgrade any of their Sevastopol bases or equipment for over a decade. The change in fortune has meant the Russian military has been steadily upgrading its infrastructure. [3] Russia will not leave anything to chance in these high risk days.

 [1] http://russia-insider.com/en/politics_opinion/2014/11/28/07-04-55am/nato_deploy_tanks_eastern_europe_shortly_after_vp
[2] http://mdb.cast.ru/mdb/5-2014/item4/article1/

Notes
http://www.asiandefencenews.com/2014/05/russia-to-station-aircraft-ships.html
19 may 2014

The Russian Black Sea Fleet will have a sophisticated network of naval and airbases in Crimea following the region’s reunification with Russia, the country's chief naval commander said Tuesday.“The Black Sea Fleet will have a network of bases on the Crimean Peninsula, including the main naval base in Sevastopol and other facilities,” Admiral Viktor Chirkov said.“This infrastructure will be self-efficient allowing us to place comfortably warships, submarines and coastal troops [around the peninsula] with support of developed social infrastructure,” the admiral said.According to Chirkov, Russia will deploy warships not only in Sevastopol, but also in Feodosia and Donuzlav, while stationing combat aircraft near Yevpatoria and in Belbek.

jeudi 27 novembre 2014

Blog post Ukraine & French Mistral class ships

"There is the solution that I proposed and that would be to sell the ship to the Ukraine with a loan of long-term and privileged interest that he would consent to the European Union."
 
 Il y a la solution que j’ai proposée et qui serait de vendre le navire à l’Ukraine moyennant un prêt de longue durée et à intérêt privilégié que lui consentirait l’Union Européenne.
 
A l’allocution prononcée le 18 novembre 2014 à Kiev par Bernard-Henri Lévy, à l’occasion de la remise à Viktor Pinchuk de la Metropolitan Andrey Sheptytsky Medal of Honor Award. 
 
 The pitful state of the current Ukrainian navy; the government cannot pay for the upkeep of its ships.

Kiev is practically bankrupt & Kiev cannot supply food, warm clothes to soldiers;
 
let alone take on, maintain or keep a NATO high-spec large ship
 
A white elephant would be more suitable word.
 
 
 

Blog report: Discours de S. Lavrov (fr+eng)

Allocution prononcée par le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à la XXIIème Assemblée du Conseil sur la politique étrangère et la défense, à Moscou, le 22 Novembre 2014
Adaptée de la traduction par Goklayeh pour vineyardsaker.fr


Je suis heureux d’assister à cette Assemblée annuelle du Conseil sur la politique étrangère et la défense (abréviation russe SVOP). C’est toujours pour moi un grand plaisir de rencontrer des gens et se sentir le potentiel intellectuel qui permet au Conseil, à ses dirigeants et ses représentants, de répondre aux évolutions mondiales et de les analyser. Leur analyse est toujours libre de toute hystérie, et les arguments présentés par ses membres sont sérieusement fondés et solides, du fait notamment qu’ils peuvent prendre un peu de recul ; car il est difficile à ceux qui se trouvent pris au milieu même des événements d’adopter un point de vue impartial. Quant à nous, nous sommes inévitablement influencés par les divers développements en cours, ce qui rend vos observations, analyses, discours et suggestions encore plus précieux pour nous.

Pour autant que je sache, l’Assemblée de cette année mettra l’accent sur les perspectives d’accélération de la croissance intérieure en Russie. Il ne fait aucun doute que les efforts concertés de notre société dans son ensemble pour assurer le développement économique, social et spirituel global, sont une condition préalable pour faire de l’avenir de la Russie quelque chose de durable. Cela dit, en raison de mes obligations professionnelles, il me faut me concentrer sur les questions de politique étrangère, lesquelles sont toujours pertinentes pour l’ordre du jour de l’Assemblée puisque, dans ce monde interconnecté et globalisé, isoler le développement interne du monde extérieur s’avère impossible. Le président de la Russie Vladimir Poutine a fourni une analyse détaillée des développements internationaux lors de la réunion du Club de Valdaï, à Sotchi, ainsi que dans les divers entretiens qu’il a accordés au cours de son voyage en Asie. Pour cette raison, je n’entends pas offrir ici d’observation conceptuelle, dès lors que tout a déjà été dit. Néanmoins, je voudrais partager avec vous quelques considérations fondées sur nos efforts de politique étrangère au jour le jour. Même s’il n’est pas dans mon intention de livrer une vision globale et éclaircie, puisque à ce stade, toutes les prévisions sont provisoires, quel que soit celui qui les fait. En outre, les diplomates cherchent à influencer les développements tels qu’ils se déroulent, non simplement à les contempler.
Naturellement, je vais commencer avec l’Ukraine. Bien avant que le pays ait été plongé dans la crise, il y avait dans l’air un sentiment que les relations de la Russie avec l’UE et avec l’Occident étaient sur le point d’atteindre leur moment de vérité. Il était clair que nous ne pouvions plus continuer à mettre en veilleuse certaines questions dans nos relations, et qu’il fallait choisir entre un véritable partenariat ou, comme le dit le dicton, en venir à « casser de la vaisselle ». Il va sans dire que la Russie optait pour la première solution, tandis que, malheureusement, nos partenaires occidentaux se contentaient de la dernière, que ce soit consciemment ou non. En fait, ils se sont tous engagés en Ukraine et ils ont soutenu les extrémistes, renonçant ainsi à leurs propres principes d’un changement de régime démocratique. Ce qui en est ressorti, c’était une tentative de jouer les poules mouillées [1] avec la Russie, histoire de voir qui cillerait le premier. Comme disent les petits durs, ils voulaient voir la Russie cané , nous forcer à avaler l’humiliation des Russes et de ceux dont la langue maternelle est le russe en Ukraine.

L’honorable Leslie Gelb, que vous ne connaissez que trop bien, a écrit que l’accord d’association de l’Ukraine avec l’UE n’avait rien à voir avec une quelconque invitation de l’Ukraine à adhérer à l’UE, et qu’il ne visait à court terme qu’à l’empêcher de rejoindre l’Union douanière. C’est là ce qu’en a dit une personne impartiale et objective. Quand ils ont délibérément décidé de s’engager sur la voie de l’escalade en Ukraine, ils ont oublié beaucoup de choses, alors même qu’ils avaient une compréhension claire de la façon dont ces mouvements seraient considérés en Russie. Ils ont oublié les conseils de, disons, Otto von Bismarck, lequel avait dit que dénigrer le grand peuple russe, fort de millions d’âmes, constituerait la plus grande erreur politique que l’on puisse faire.

Le président Vladimir Poutine a dit l’autre jour que nul dans l’histoire n’a encore réussi à soumettre la Russie à son influence. Ce n’est pas une évaluation, mais un état de fait. Une telle tentative a pourtant été faite, qui visait à étancher la soif d’expansion de l’espace géopolitique sous contrôle occidental, et qui trouvait son origine dans la peur mercantile de perdre les dépouilles de ce que, de l’autre côté de l’Atlantique, ils s’étaient persuadé être la victoire dans la guerre froide.

Ce que la situation actuelle a de plus, c’est qu’une fois que tout s’est mis en place, le calcul qui sous-tendait les actions de l’Occident s’est trouvé révélé, en dépit de cette volonté que l’on proclamait haut et fort de bâtir une communauté de sécurité, une maison commune européenne. Pour citer (le chanteur auteur-compositeur) Boulat Okoudjava : « Le passé devient de plus en plus clair ». Cette clarté est de plus en plus tangible. Aujourd’hui, notre tâche n’est pas seulement de régler le passé (même si cela doit être fait), mais plus important encore, de penser à l’avenir.

Les discours au sujet de l’isolement de la Russie ne méritent aucune discussion sérieuse. Je n’ai pas vraiment besoin de m’attarder sur ce point devant le présent auditoire. Bien sûr, il est possible d’endommager notre économie, et ce sont d’ailleurs bien des dommages que l’on cause en ce moment, mais seulement en faisant aussi du mal à ceux qui prennent les mesures correspondantes et, tout aussi important, en détruisant le système des relations économiques internationales, et les principes sur lesquels il est fondé. Précédemment, lorsque des sanctions étaient appliquées (je travaillais à l’époque pour la mission russe auprès de l’ONU), nos partenaires occidentaux, lorsqu’ils discutaient de la République Populaire Démocratique de Corée, de l’Iran ou d’autres Etats, déclaraient qu’il était nécessaire de formuler les restrictions de manière à rester dans des limites humanitaires et à ne pas causer de dommages à la sphère sociale et à l’économie, en ciblant sélectivement la seule élite. Aujourd’hui, c’est tout le contraire : les dirigeants occidentaux déclarent publiquement que les sanctions doivent détruire l’économie et déclencher des protestations populaires. Par conséquent, en ce qui concerne l’approche conceptuelle de l’utilisation de mesures coercitives, l’Occident démontre sans équivoque qu’il ne cherche pas seulement à changer la politique russe (ce qui en soi est illusoire), mais qu’il cherche à changer le régime ; et pratiquement personne ne le nie.

Le président Vladimir Poutine, en parlant avec des journalistes récemment, a déclaré que l’horizon en fonction duquel les dirigeants occidentaux d’aujourd’hui établissent leurs plans est limité. Et cela constitue en effet un danger que des décisions sur les problèmes clés de l’évolution du monde et de l’humanité dans son ensemble soient prises sur la base de cycles électoraux courts : aux États-Unis, le cycle est de deux ans, et l’on doit à chaque fois imaginer et faire quelque chose pour gagner des voix. C’est le côté négatif du processus démocratique, et nous ne pouvons nous permettre de l’ignorer. Il ne nous est pas possible d’accepter cette logique, lorsque l’on nous dit de démissionner, de nous détendre et d’accepter simplement comme un incontournable que tout le monde ait à souffrir simplement parce qu’il y a des élections aux États-Unis tous les deux ans. Cela n’est pas juste. Nous ne nous y résignerons pas, parce que les enjeux sont trop importants, que ce soit dans la lutte contre le terrorisme, dans les menaces de prolifération d’armes de destruction de masse ou dans de nombreux conflits sanglants dont l’impact négatif dépasse de loin le cadre des Etats et des régions concernées au premier chef. Le désir de faire quelque chose qui permette d’obtenir des avantages unilatéraux ou de s’attacher l’électorat avant une prochaine élection conduit au chaos et la confusion dans les relations internationales.


C’est toujours la même rengaine, quotidiennement répétée, que nous entendons nous dire : Washington est conscient de son caractère unique et de son devoir de supporter ce fardeau qui consiste à diriger le reste du monde. Rudyard Kipling a parlé du « fardeau de l’homme blanc ». J’espère que ce n’est pas ce qui pousse les Américains. Le monde d’aujourd’hui n’est pas blanc ou noir, mais multicolore et hétérogène. Si le leadership dans ce monde peut être assuré, ce n’est pas en se persuadant soi-même de sa propre exclusivité et d’un devoir conféré par Dieu d’être responsable de tout le monde, mais seulement par la capacité et l’habileté à former un consensus. Si les partenaires américains appliquaient leur pouvoir de cet objectif, ce serait inestimable, et la Russie les y aiderait activement.

Jusqu’à présent, toutefois, les ressources administratives américaines n’ont travaillé que dans le cadre de l’OTAN, et encore avec des réserves substantielles, et leurs décrets n’atteignaient pas au-delà de l’Alliance de l’Atlantique Nord. Une preuve en est les résultats de la tentative des États-Unis de contraindre la communauté internationale à suivre leur ligne de conduite en ce qui concerne les sanctions et les principes anti-russes. J’en ai parlé plus d’une fois déjà et nous avons des preuves suffisantes du fait que les ambassadeurs et les envoyés américains à travers le monde sollicitent des réunions au plus haut niveau pour faire valoir que les pays correspondants sont tenus de sanctionner la Russie avec eux, ou bien d’en subir les conséquences. Cela se fait à l’égard de tous les pays, y compris de nos alliés les plus proches (cela en dit long sur le genre d’analystes dont dispose Washington). Une écrasante majorité des Etats avec lesquels nous avons un dialogue continu sans aucune restriction, et sans isolement, comme vous le voyez, attachent de la valeur au rôle indépendant que joue la Russie dans l’arène internationale. Non parce qu’ils aiment voir quelqu’un contester les Américains, mais parce qu’ils se rendent compte que l’ordre du monde ne sera pas stable si personne n’est autorisé à dire ce qu’il pense (bien qu’en privé, l’écrasante majorité d’entre eux expriment leur opinion, ils ne veulent pas le faire publiquement de peur des représailles de Washington).

De nombreux analystes raisonnables comprennent qu’il y a un écart grandissant entre les ambitions mondiales de l’administration américaine et le réel potentiel du pays. Le monde change et, comme cela a toujours été le cas dans l’histoire, arrivé à un certain point, l’influence et le pouvoir de l’un atteignent leur apogée, tandis qu’un autre commence à se développer encore plus rapidement et plus efficacement. Il faut étudier l’histoire et partir des réalités. Les sept économies en développement dirigées par les BRICS ont déjà un PIB plus important que le G7 occidental. C’e sont des faits de la vie qu’il faut partir, et non d’un sentiment erroné de sa propre grandeur.

Il est devenu à la mode de faire valoir que la Russie mène une sorte de « guerre hybride » en Crimée et en Ukraine. C’est là un terme intéressant, mais que j’appliquerais surtout aux États-Unis et à leur stratégie de guerre : il s’agit vraiment d’une guerre hybride, visant non pas tant à vaincre l’ennemi militairement qu’à changer les régimes dans les pays qui poursuivent une politique que Washington n’aime pas. Cette stratégie recourt aux pressions financières et économiques, aux attaques par le moyen de l’information ; elle se sert d’autres intervenants sur le périmètre de l’état visé, lesquels agissent comme des mandataires ; et bien sûr elle fait usage des informations et use de pression idéologique au travers d’organisations non gouvernementales financées par des ressources extérieures. N’est-ce pas là un processus hybride, et non ce que nous appelons la guerre ? Il serait intéressant de discuter du concept de la guerre hybride pour voir qui la mène vraiment, ou s’il s’agit seulement de « petits hommes vêtus de tenues vertes ».

Apparemment, la boîte à outils de nos partenaires américains est plus grande encore, et ils sont devenus habiles à s’en servir.

En tentant d’établir leur prééminence à un moment où se font jour de nouveaux centres de pouvoir économique, financier et politique, les Américains provoquent une neutralisation en accord avec la troisième loi de Newton, et ils contribuent à l’émergence de structures, de mécanismes et de mouvements qui cherchent des alternatives aux recettes américaines pour résoudre les problèmes urgents. Je ne parle pas d’anti-américanisme, encore moins de former des coalitions conçues comme des fers de lance dirigés contre les Etats-Unis, mais seulement du désir naturel d’un nombre croissant de pays de sécuriser leurs intérêts vitaux et de le faire de la façon qu’ils pensent juste, non d’après ce qui leur est dicté « depuis l’autre côté de l’étang ». Personne ne va jouer à des jeux anti-américains juste pour contrarier les États-Unis. Nous sommes confrontés à des tentatives et à des faits d’utilisation extra-territoriale de la législation américaine, à l’enlèvement de nos citoyens en dépit des traités conclus avec Washington, traités selon lesquels ces questions doivent être résolues grâce à l’application de la loi et par les organes judiciaires.

Si l’on en croit leur doctrine de sécurité nationale, les États-Unis auraient le droit d’utiliser la force n’importe où, n’importe quand, sans avoir à solliciter l’approbation du Conseil de sécurité des Nations Unies. Une coalition contre l’État islamique a ainsi été formée à l’insu du Conseil de sécurité. J’ai demandé au secrétaire d’État John Kerry pourquoi ils n’étaient pas allés devant le Conseil de sécurité des Nations Unies pour cela.

Il m’a dit que s’ils le faisaient, il leur faudrait en quelque sorte préciser le statut du président syrien Bachar al-Assad. Bien sûr, ils l’auraient dû, parce que la Syrie est un Etat souverain et qu’elle est toujours membre de l’ONU (nul ne l’a exclue en tant que membre). Le secrétaire d’Etat a dit que cela ne convenait pas, parce que les États-Unis sont en lutte contre le terrorisme et que le régime al-Assad est ce qui galvanise le plus les terroristes de partout dans le monde, qu’il agit comme un aimant qui les attire vers cette région pour tenter de renverser le régime syrien.

Je crois que c’est là une logique perverse. Si nous parlons des précédents (les États-Unis adhèrent au système jurisprudentiel), il est utile de rappeler le processus de désarmement chimique en Syrie, dans lequel le régime Assad était un partenaire tout à fait légitime des États-Unis, de la Russie, de l’OIAC et d’autres. Les Américains maintiennent bien aussi des discussions avec les talibans. Chaque fois qu’ils ont la possibilité de profiter de quelque chose, les États-Unis agissent de façon tout à fait pragmatique. Je ne sais pas pourquoi la position dictée par l’idéologie a pris le dessus cette fois et pourquoi les États-Unis ont choisi de croire qu’Assad ne peut pas être un partenaire. Peut-être ne s’agit-il pas vraiment d’une opération contre l’État islamique, mais plutôt d’une entreprise destinée à ouvrir la voie à un renversement d’al-Assad, sous le couvert d’une opération de lutte contre le terrorisme.

Récemment, Francis Fukuyama a écrit un livre intitulé « Ordre politique et déclin politique » [2], dans lequel il affirme que l’efficacité de l’administration publique aux États-Unis est en déclin, et que les traditions de gouvernance démocratique se trouvent progressivement remplacées par des méthodes féodales de domination de fief. Cela s’inscrit dans une discussion à propos de quelqu’un qui vit dans une maison de verre et qui jette des pierres.

Tout cela se passe au milieu des défis et des problèmes croissants du monde moderne. Nous assistons à un « bras de fer » continu en Ukraine. Le trouble se prépare à la frontière sud de l’UE. Je ne pense pas que les problèmes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord disparaîtront par eux-mêmes. L’UE a formé une nouvelle commission. De nouveaux acteurs étrangers ont émergé, qui feront face à un combat sérieux pour savoir où envoyer leurs ressources de base : soit ce sera pour la poursuite de schémas irresponsables en Ukraine, en Moldavie, etc., c’est-à-dire dans leur partenariat oriental (tel que le préconise une minorité agressive dans l’UE), ou bien ils écouteront les pays d’Europe du Sud et se concentreront sur ce qui se passe de l’autre côté de la Méditerranée.
C’est un enjeu majeur pour l’UE.

Jusqu’à présent, ils ne sont pas guidés par de vrais problèmes, mais plutôt par le désir de se saisir rapidement de ce qu’offre un sol fraîchement retourné. C’est déplorable. Exporter des révolutions – qu’elles soient démocratiques, communistes ou autres – n’apporte jamais rien de bon.

Les structures d’État, publiques et civilisationnelles sont effectivement en désintégration dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Etant donnée l’énergie destructrice libérée dans le processus, les flammes pourraient atteindre certains Etats situés bien au-delà de cette région. Des terroristes (y compris l’Etat islamique) revendiquent un statut national. De surcroit, ils commencent déjà à créer là-bas des organes quasi-gouvernementaux, qui s’engagent dans le travail administratif.
Sur cette toile de fond, les minorités, y compris les chrétiens, sont bannis. En Europe, ces questions sont réputées non politiquement correctes. Ils ont honte, lorsque nous les invitons à faire quelque chose ensemble à l’OSCE [3]. Ils se demandent : pourquoi devrions-nous nous concentrer spécifiquement sur les chrétiens ? En quoi est-ce spécial ? L’OSCE a organisé une série de manifestations destinées à garder vivant le souvenir de l’Holocauste et de ses victimes. Il y a quelques années, l’OSCE a commencé à animer divers événements contre l’islamophobie. Nous, nous offrirons une analyse des processus menant à la christianophobie.

Les 4 et 5 décembre, des réunions ministérielles de l’OSCE auront lieu à Bâle, où nous allons présenter cette proposition. La majorité des États membres de l’UE éludent ce sujet, parce qu’ils ont honte d’en parler. Tout comme ils avaient honte d’inclure dans ce qui était alors le projet de Constitution européenne, élaboré par Valéry Giscard d’Estaing, une phrase indiquant que l’Europe a des racines chrétiennes.

Si vous ne vous souvenez pas ou ne respectez pas vos propres racines et traditions, comment voulez-vous respecter les traditions et les valeurs des autres personnes ? C’est une logique toute simple. En comparant ce qui se passe maintenant au Moyen-Orient à une période de guerres de religion en Europe, le politologue israélien Avineri a déclaré qu’il est peu probable que la crise actuelle prenne fin avec ce que l’Occident veut dire quand il parle de « réformes démocratiques ».
Le conflit israélo-arabe est comme éteint. Il est difficile de jouer plusieurs parties à la fois. C’est ce que les Américains tentent d’accomplir, mais cela ne fonctionne pas pour eux. En 2013, il leur a fallu neuf mois avant de comprendre le conflit israélo-palestinien. Je ne vais pas entrer dans les raisons, elles sont connues, mais là aussi ils ont échoué. A présent, ils ont demandé davantage de temps afin d’essayer de parvenir à des progrès avant la fin de 2014, de sorte que les Palestiniens n’aillent pas à l’ONU signer les Statuts de la Cour pénale internationale, etc. Et tout soudain, voilà qu’on apprend que des négociations sur l’Iran sont en cours. Le Département d’Etat américain a laissé tomber la Palestine pour se concentrer sur l’Iran.

Le Secrétaire d’Etat américain John Kerry et moi avons accepté de parler de ce sujet dans quelque temps. Il est important de comprendre que l’on ne peut pas garder le problème de l’Etat palestinien en état de congélation profonde pour toujours. L’échec de sa résolution depuis près de 70 ans a été un argument majeur de ceux qui recrutent des extrémistes dans leurs rangs : « Il n’y a pas de justice : il avait été promis de créer deux Etats ; l’Etat juif a été créé, mais ils ne créeront jamais un Etat arabe ». Utilisés sur une rue arabe affamée, ces arguments sonnent tout à fait plausibles, et l’on commence à appeler à un combat pour la justice en recourant à d’autres méthodes.

Le président russe Vladimir Poutine a déclaré, lors de la réunion du Club Valdaï à Sotchi, que nous avons besoin d’une nouvelle version de l’interdépendance. C’était une déclaration tout à fait d’actualité. Les grandes puissances doivent retourner à la table des négociations et se mettre d’accord sur un nouveau cadre de discussion qui prenne en compte les intérêts légitimes fondamentaux de toutes les parties clés (je ne peux pas vous dire comment on devrait l’appeler, mais il devrait en tout cas être fondé sur la Charte des Nations Unies) ; elles devraient se mettre d’accord sur des restrictions auto-imposées raisonnables et sur une gestion collective des risques dans un système de relations internationales soutenues par les valeurs démocratiques. Nos partenaires occidentaux font la promotion du respect de la primauté du droit, de la démocratie et de l’opinion des minorités au sein des différents pays, tout en omettant de défendre les mêmes valeurs dans les affaires internationales. Cela laisse à la Russie le rôle de pionnier dans la promotion de la démocratie, de la justice et de la primauté du droit international. Car un nouvel ordre mondial ne peut être que polycentrique, et il devrait refléter la diversité des cultures et des civilisations dans le monde d’aujourd’hui.

Vous êtes informés de l’engagement de la Russie à garantir l’indivisibilité de la sécurité dans les affaires internationales, et à la maintenir dans le droit international. Je ne m’étendrai pas sur ce point.
Je tiens à soutenir cet argument que le SVOP a souligné, selon lequel la Russie ne parviendra pas à devenir une grande puissance du 21ème siècle qui connaisse succès et confiance, sans développer ses régions orientales. Sergei Karaganov était parmi les premiers à conceptualiser cette idée, et je suis entièrement d’accord. Amener à un nouveau niveau les relations de la Russie avec les pays de la zone Asie-Pacifique est une priorité absolue. C’est dans cette optique que la Russie a travaillé lors de la réunion de l’APEC à Pékin, et lors du forum du G20. Nous allons continuer à aller dans cette direction au sein du nouvel environnement créé par le lancement prochain de l’Union économique eurasiatique (UEEA), le 1er Janvier 2015.

Nous avons été traités comme des « sous-hommes ». Depuis plus d’une décennie, la Russie a tenté d’établir des liens de partenariat avec l’OTAN par le biais de l’OTSC [4]. Il ne s’agissait pas seulement, par ces efforts, de faire jouer l’OTAN et l’OTSC « dans la même catégorie ». C’est un fait, l’OTSC est axée sur la capture des trafiquants de drogue et des migrants illégaux aux alentours de la frontière afghane, tandis que l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord est l’épine dorsale des forces de sécurité internationales qui, entre autres choses, ont été chargées de la lutte contre la menace terroriste et de l’élimination de ses programmes de financement, lesquels impliquent le trafic de drogue. Nous avons tout essayé : nous avons plaidé et exigé des contacts en temps réel, de sorte que lorsque l’OTAN vient à détecter une caravane transportant de la drogue et se trouve dans l’incapacité de l’arrêter, elle nous avertisse à travers la frontière, afin que cette caravane puisse être interceptée par les forces de l’OTSC. Ils ont tout simplement refusé de nous parler. Dans des conversations privées, ceux qui nous veulent du bien à l’OTAN (et c’est réellement dans un sens positif que j’entends cela) nous ont dit que c’était pour des raisons idéologiques que l’alliance ne pouvait considérer l’OTSC comme un partenaire à part entière. Jusqu’à récemment, nous avons constaté la même attitude condescendante et arrogante à l’égard de l’intégration économique eurasiatique. Et ce malgré le fait que les pays qui ont l’intention de se joindre à l’UEEA ont beaucoup plus en commun en termes d’économie, d’histoire et de culture, que de nombreux membres de l’UE. Cette union n’a pas pour but la création de barrières avec qui que ce soit. Nous soulignons toujours à quel point nous souhaitons que cette union soit ouverte. Je crois fermement que cela contribuera de façon significative à la construction d’un pont entre l’Europe et l’Asie Pacifique.

Je ne peux pas ne pas mentionner ici le partenariat global de la Russie avec la Chine. D’importantes décisions bilatérales ont été prises, ouvrant la voie à une alliance énergétique entre la Russie et la Chine. Mais il y a plus que cela. Nous pouvons à présent même parler d’une alliance émergente en matière de technologie entre les deux pays. Le tandem que la Russie forme avec Pékin est un facteur crucial pour assurer la stabilité internationale et au moins un certain équilibre dans les affaires internationales, ainsi que pour assurer la primauté du droit international. Nous ferons pleinement usage de nos relations avec l’Inde et le Vietnam, qui sont des partenaires stratégiques de la Russie, ainsi qu’avec les pays de l’ASEAN [5]. Nous sommes également ouverts à l’élargissement de la coopération avec le Japon, si nos voisins japonais peuvent considérer leurs intérêts nationaux et cesser de regarder en arrière en direction de certaines puissances de l’étranger.

Il ne fait aucun doute que l’Union européenne est notre plus important partenaire collectif. Personne n’a l’intention de « se tirer une balle dans le pied » en renonçant à la coopération avec l’Europe, mais il est maintenant clair que la poursuite des affaires courantes telles qu’elles existent n’est plus une option. C’est ce que nos partenaires européens nous disent, mais nous non plus ne voulons pas continuer à faire les choses à l’ancienne. Ils ont cru que la Russie leur devait quelque chose, alors que nous voulons être sur un pied d’égalité avec eux. Pour cette raison, les choses ne seront plus jamais les mêmes. Cela dit, je suis convaincu que nous serons en mesure de surmonter cette période, que les leçons seront apprises et qu’un nouveau fondement de nos relations émergera.

On entend parler ici et là de l’idée de créer un espace économique et humanitaire unique de Lisbonne à Vladivostok ; cette idée fait son chemin. Le ministre des Affaires étrangères de l’Allemagne, Frank-Walter Steinmeier, a dit publiquement (nous-mêmes le disons depuis longtemps) que l’UE et l’UEEA devraient engager le dialogue. La déclaration que le président Vladimir Poutine a faite à Bruxelles en janvier 2014, quand il a proposé une première étape avec le lancement de négociations sur une zone de libre-échange entre l’UE et l’Union douanière à l’horizon de 2020, n’est plus considérée comme quelque chose d’exotique. Tout cela est déjà devenu partie intégrante de la diplomatie et de la politique réelle. Bien que cela reste à ce jour une question de discussions, je crois fermement que nous atteindrons un jour ce que l’on appelle « l’intégration des intégrations ». C’est l’un des principaux sujets que nous voulons promouvoir au sein de l’OSCE lors du Conseil ministériel de Bâle. La Russie est sur le point d’assumer la présidence des BRICS et de l’OSC [6]. Les deux organisations tiendront leurs sommets à Oufa [7]. Ce sont des organisations très prometteuses pour la nouvelle ère qui s’ouvre. Ce ne sont pas des blocs (surtout les BRICS), mais des groupes où les membres partagent les mêmes intérêts, représentant des pays de tous les continents, qui partagent des approches communes concernant l’avenir de l’économie, de la finance et de la politique mondiales.


ENGLISH VERSION

 http://www.mid.ru/brp_4.nsf/0/24454A08D48F695EC3257D9A004BA32E

 
Remarks by Foreign Minister Sergey Lavrov at the XXII Assembly of the Council on Foreign and Defence Policy, Moscow, 22 November 2014
2686-22-11-2014

I’m happy to be at this annual Assembly of the Council on Foreign and Defence Policy (Russian abbreviation SVOP). It is always a great pleasure for me to meet people and feel the intellectual potential, which enables the Council, its leaders and representatives to respond to global developments and analyse them. Their analysis is always free from any hysteria, and its members offer well-grounded and solid arguments, taking a step back, since those caught in the midst of events can hardly adopt an unbiased perspective. We are inevitably influenced by the developments, which makes your observations, analysis, discourse and suggestions even more valuable to us.
 
As far as I know, this year’s Assembly will focus on prospects for accelerating domestic growth in Russia. There is no doubt that concerted efforts by our society as a whole to bring about comprehensive economic, social and spiritual development are a prerequisite for making Russia’s future sustainable. That said, by virtue of my professional duties, I have to focus on foreign policy issues, which are still relevant for the Assembly’s agenda, since in this interconnected, globalised world, isolating internal development from the outside world is impossible.
 
Russia’s President Vladimir Putin provided a detailed analysis of the international developments at the Valdai Club meeting in Sochi, as well as in his interviews during his trip to Asia. For this reason, I won’t offer any conceptual observations, as everything has already been said. Nevertheless, I would like to share with you some considerations based on our day-to-day foreign policy efforts. It is not my intention to deliver a comprehensive or clear outlook, since at this stage all forecasts are provisional, no matter who makes them. Moreover, diplomats seek to influence developments as they unfold, not contemplate them.
 
Naturally, I will start with Ukraine. Long before the country was plunged into the crisis, there was a feeling in the air that Russia’s relations with the EU and with the West were about to reach their moment of truth. It was clear that we could no longer continue to put issues in our relations on the back burner and that a choice had to be made between a genuine partnership or, as the saying goes, “breaking pots.” It goes without saying that Russia opted for the former alternative, while unfortunately our Western partners settled for the latter, whether consciously or not. In fact, they went all out in Ukraine and supported extremists, thereby giving up their own principles of democratic regime change. What came out of it was an attempt to play chicken with Russia, to see who blinks first. As bullies say, they wanted to Russia to “chicken out” (I can’t find a better word for it), to force us to swallow the humiliation of Russians and native speakers of Russian in Ukraine.
 
Honourable Leslie Gelb, whom you know all too well, wrote that Ukraine’s Association Agreement with the EU had nothing to do with inviting Ukraine to join the EU and was aimed in the short term at preventing it from joining the Customs Union. This is what an impartial and unbiased person said. When they deliberately decided to go down the path of escalation in Ukraine, they forgot many things, and had a clear understanding of how such moves would be viewed in Russia. They forgot the advice of, say, Otto von Bismarck, who had said that disparaging the millions-strong great Russian people would be the biggest political mistake.
 
President Vladimir Putin said the other day that no one in history has yet managed to subjugate Russia to its influence. This is not an assessment, but a statement of fact. Yet such an attempt has been made to quench the thirst for expanding the geopolitical space under Western control, out of a mercantile fear to lose the spoils of what they across the Atlantic had persuaded themselves was the victory in the Cold War. 
 
The plus of today’s situation is that everything has clicked into its place and the calculus behind the West’s actions has been revealed despite its professed readiness to build a security community, a common European home. To quote (singer/song-writer) Bulat Okudzhava, “The past is getting clearer and clearer.” The clarity is becoming more tangible. Today our task is not only to sort out the past (although that must be done), but most importantly, to think about the future. 
 
Talks about Russia’s isolation do not merit serious discussion. I need hardly dwell on this before this audience. Of course, one can damage our economy, and damage is being done, but only by doing harm to those who are taking corresponding measures and, equally important, destroying the system of international economic relations, the principles on which it is based. Formerly, when sanctions were applied (I worked at the Russian mission to the UN at the time) our Western partners, when discussing the DPRK, Iran or other states, said that it was necessary to formulate the restrictions in such a way as to keep within humanitarian limits and not to cause damage to the social sphere and the economy, and to selectively target only the elite. Today everything is the other way around: Western leaders are publicly declaring that the sanctions should destroy the economy and trigger popular protests. So, as regards the conceptual approach to the use of coercive measures the West unequivocally demonstrates that it does not merely seek to change Russian policy (which in itself is illusory), but it seeks to change the regime -- and practically nobody denies this. 
 
President Vladimir Putin, speaking with journalists recently, said that today’s Western leaders have a limited planning horizon. Indeed, it is dangerous when decisions on key problems of the development of the world and humankind as a whole are taken on the basis of short electoral cycles: in the United States the cycle is two years and each time one has to think of or do something to win votes. This is the negative side of the democratic process, but we cannot afford to ignore it. We cannot accept the logic when we are told to resign, relax and take it as a given that everyone has to suffer because there are elections in the United States every two years. This is just not right. We will not resign ourselves to this because the stakes are too high in the fight against terror, the threats of the proliferation of weapons of mass destruction and many bloody conflicts whose negative impact goes far beyond the framework of the corresponding states and regions. The wish to do something to gain unilateral advantages or to endear oneself to the electorate ahead of another election leads to chaos and confusion in international relations.
We hear the daily repeated mantra that Washington is aware of its own exclusiveness and its duty to bear this burden, to lead the rest of the world. Rudyard Kipling spoke about “the white man’s burden.” I hope that this is not what drives Americans. The world today is not white or black, but multi-coloured and heterogeneous. Leadership in this world can be assured not by persuading oneself of one’ exclusiveness and God-given duty to be responsible for everyone, but only by the ability and craft in forming a consensus. If the US partners committed their power to this goal, this would be priceless, and Russia would be actively helping them. 
 
However, so far, US administrative resources still work only in the NATO framework, and then with substantial reservations, and its writ does not reach beyond the North Atlantic Alliance. One proof of this is the results of US attempts to make the world community follow its line in connection with the anti-Russian sanctions and principles. I have spoken about it more than once and we have ample proof of the fact that American ambassadors and envoys across the world seek meetings at the highest level to argue that the corresponding countries are obliged to punish Russia together with them or else face the consequences. This is done with regard to all countries, including our closest allies (this speaks volumes about the kind of analysts Washington has). An overwhelming majority of the states with which we have a continuing dialogue without any restrictions and isolation, as you see, value Russia’s independent role in the international arena. Not because they like it when somebody challenges the Americans, but because they realise that the world order will not be stable if nobody is allowed to speak his mind (although privately the overwhelming majority do express their opinion, but they do not want to do so publicly for fear of Washington’s reprisals). 
 
Many reasonable analysts understand that there is a widening gap between the global ambitions of the US Administration and the country’s real potential. The world is changing and, as has always happened in history, at some point somebody’s influence and power reach their peak and then somebody begins to develop still faster and more effectively. One should study history and proceed from realities. The seven developing economies headed by BRICS already have a bigger GDP than the Western G7. One should proceed from the facts of life, and not from a misconceived sense of one’s own grandeur. 
 
It has become fashionable to argue that Russia is waging a kind of “hybrid war” in Crimea and in Ukraine. It is an interesting term, but I would apply it above all to the United States and its war strategy – it is truly a hybrid war aimed not so much at defeating the enemy militarily as at changing the regimes in the states that pursue a policy Washington does not like. It is using financial and economic pressure, information attacks, using others on the perimeter of a corresponding state as proxies and of course information and ideological pressure through externally financed non-governmental organisations. Is it not a hybrid process and not what we call war? It would be interesting to discuss the concept of the hybrid war to see who is waging it and is it only about “little green men.”
 
Apparently the toolkit of our US partners, who have become adept at using it, is much larger. 
 
In attempting to establish their pre-eminence at a time when new economic, financial and political power centres are emerging, the Americans provoke counteraction in keeping with Newton’s third law and contribute to the emergence of structures, mechanisms, and movements that seek alternatives to the American recipes for solving the pressing problems. I am not referring to anti-Americanism, still less about forming coalitions spearheaded against the United States, but only about the natural wish of a growing number of countries to secure their vital interests and do it the way they think right, and not what they are told “from across the pond.” Nobody is going to play anti-US games just to spite the United States. We face attempts and facts of extra-territorial use of US legislation, the kidnapping of our citizens in spite of existing treaties with Washington whereby these issues are to be resolved through law enforcement and judicial bodies.
According to its doctrine of national security, the United States has the right to use force anywhere, anytime without necessarily asking the UN Security Council for approval. A coalition against the Islamic State was formed unbeknownst to the Security Council. I asked Secretary of State John Kerry why have not they gone to the UN Security Council for this. 
 
He told me that if they did, they would have to somehow designate the status of Syria’s President Bashar al-Assad. Of course, they had to because Syria is a sovereign state and still a member of the UN (no one excluded it from UN membership). The secretary of state said it was wrong because the United States is combating terrorism and the al-Assad regime is the most important factor that galvanises terrorists from around the world and acts as a magnet attracting them to this region in an attempt to overthrow the Syrian regime. 
 
I believe this is perverse logic. If we are talking about precedents (the United States adheres to case law), it is worth remembering the chemical disarmament in Syria when the Assad regime was a completely legitimate partner of the United States, Russia, the OPCW and others. The Americans maintain talks with the Taliban as well. Whenever the United States has an opportunity to benefit from something, it acts quite pragmatically. I’m not sure why the ideologically-driven position took the upper hand this time and the United States chose to believe that Assad cannot be a partner. Perhaps, this is not so much an operation against the Islamic State as paving the way for toppling al-Assad under the guise of a counter-terrorist operation. 
 
Francis Fukuyama recently wrote the book, Political Order and Political Decay, in which he argues that the efficiency of public administration in the United States is declining and the traditions of democratic governance are gradually being replaced with feudal fiefdom ruling methods. This is part of the discussion about someone who lives in a glass house and throws stones.
 
All of this is happening amid the mounting challenges and problems of the modern world. We are seeing a continued "tug of war" in Ukraine. Trouble is brewing on the south border of the EU. I don’t think the Middle Eastern and North African problems will go away all by themselves. The EU has formed a new commission. New foreign actors have emerged, who will face a serious fight for where to send their basic resources: either for the continuation of reckless schemes in Ukraine, Moldova, etc., within the Eastern Partnership (as advocated by an aggressive minority in the EU), or they will listen to the Southern European countries and focus on what’s happening on the other side of the Mediterranean. 
 
This is a major issue for the EU. 
 
So far, those who are not guided by real problems, but rather by a desire to quickly grab things from freshly turned up ground. It is deplorable. Exporting revolutions – be they democratic, communist or others – never brings any good.
 
State, public and civilisational structures are actually disintegrating in the MENA region. The destructive energy released in the process can scorch states that are located far beyond this region. Terrorists (including the Islamic State) are claiming a national status. Moreover, they are already beginning to create quasi-governmental bodies there that engage in the administrative work. 
 
On this backdrop, minorities, including Christians, are banished. In Europe, these issues are deemed not politically correct. They are ashamed when we invite them to do something about it together at the OSCE. They wonder why would we focus specifically on Christians? How is that special? The OSCE has held a series of events dedicated to keeping memories about the Holocaust and its victims alive. A few years ago, the OSCE started holding events against Islamophobia. We will be offering an analysis of the processes leading to Christianophobia.
 
On 4-5 December, OSCE ministerial meetings will be held in Basel, where we will present this proposal. The majority of EU member states elude this topic, because they are ashamed to talk about it. Just as they were ashamed to include in what was then the EU constitution drafted by Valery Giscard d'Estaing a phrase that Europe has Christian roots.
If you don’t remember or respect your own roots and traditions, how would you respect the traditions and values of other people? This is straightforward logic. Comparing what’s happening now in the Middle East to a period of religious wars in Europe, Israeli political scientist Avineri said that the current turmoil is unlikely to end with what the West means when it says “democratic reforms.”
 
The Arab-Israeli conflict is dead in the water. It's hard to play on several boards at a time. The Americans are trying to accomplish this, but it doesn’t work for them. In 2013, they took nine months to sort out the Israeli-Palestinian conflict. I will not go into the reasons, they are known, but they failed at this as well. Now, they asked for more time to try to achieve some progress before the end of 2014, so that the Palestinians wouldn’t go to the UN and sign the Statute of the International Criminal Court, etc. Suddenly, it transpired that negotiations on Iran are underway. The US State Department dumped Palestine to focus on Iran.
 
US Secretary of State John Kerry and I agreed to talk on this subject some time soon. It’s important to understand that you can’t keep the problem of the Palestinian state deeply frozen forever. Failure to resolve it for nearly 70 years has been a major argument of those who recruit extremists in their ranks, “there’s no justice: it was promised to create two states; the Jewish one was created, but they will never create an Arab state.” Used on a hungry Arab street, these arguments sound quite plausible, and they start calling for a fight for justice using other methods.
 
Russian President Vladimir Putin said at the Valdai Club meeting in Sochi that we need a new version of interdependence. This was a very topical statement. The leading powers must return to the negotiating table and agree on a new framework that takes into account the basic legitimate interests of all the key parties (I can’t tell you what it should be called, but it should be based on the UN Charter), to agree on reasonable self-imposed restrictions and collective risk management in a system of international relations underpinned by democratic values. Our Western partners promote respect for the rule of law, democracy and minority opinion within countries, while failing to stand up for the same values in international affairs. This leaves Russia as a pioneer in promoting democracy, justice and rule of international law. A new world order can only be polycentric and should reflect the diversity of cultures and civilisations in today’s world.
You are aware of Russia’s commitment to ensuring indivisibility of security in international affairs and holding it in international law. I won’t elaborate on this.
I would like to support the point the SVOP has been making that Russia won’t succeed in becoming a major, successful and confident power of the 21st century without developing its eastern regions. Sergei Karaganov was among the first to conceptualise this idea, and I fully agree. Taking Russia’s relations with the Asia Pacific countries to a new level is an absolute priority. Russia worked along these lines at the Beijing APEC meeting and the G20 forum. We will continue moving in this direction in the new environment created by the upcoming launch of the Eurasian Economic Union (EAEU) on 1 January 2015.
We have been treated as “subhumans.” For over a decade, Russia has been trying to establish partnership ties with NATO through CSTO. These efforts were not just about putting NATO and CSTO “in the same league.” As a matter of fact, CSTO is focused on catching drug dealers and illegal migrants around the Afghan border, and the North-Atlantic Treaty Organisation is the backbone of the international security forces, which, among other things, were tasked with fighting the terrorist threat and eliminating its financing schemes, which involve drug trafficking. We tried everything: we pleaded and then demanded real-time contact, so that once NATO detects a caravan transporting drugs and is unable to stop it, it alerts us across the border, so that this caravan could be intercepted by CSTO forces. They simply refused to talk to us. In private conversations, our NATO well-wishers (and I actually mean this in the positive way) told us that the alliance can’t view CSTO as an equal partner for ideological reasons. Until recently, we saw the same condescending and arrogant attitude with respect to the Eurasian economic integration. And that despite the fact that countries intending to join the EAEU have much more in common in terms of their economies, history and culture than many EU members. This union is not about creating barriers with anyone. We always stress how open this union is expected to be. I strongly believe that it will make a significant contribution to building a bridge between Europe and Asia Pacific.
 
I can’t fail to mention Russia’s comprehensive partnership with China. Important bilateral decisions have been taken, paving the way to an energy alliance between Russia and China. But there’s more to it. We can now even talk about the emerging technology alliance between the two countries. Russia’s tandem with Beijing is a crucial factor for ensuring international stability and at least some balance in international affairs, as well as ensuring the rule of international law. We will make full use of our relations with India and Vietnam, Russia’s strategic partners, as well as the ASEAN countries. We are also open to expanding cooperation with Japan, if our Japanese neighbours can look at their national interests and stop looking back at some overseas powers.
 
There is no doubt that the European Union is our largest collective partner. No one intends to “shoot himself in the foot” by renouncing cooperation with Europe, although it is now clear that business as usual is no longer an option. This is what our European partners are telling us, but neither do we want to operate the old way. They believed that Russia owed them something, while we want to be on an equal footing. For this reason, things will never be the same again. That said, I’m confident that we will be able to overcome this period, lessons will be learned and a new foundation for our relations will emerge.
The idea of creating a single economic and humanitarian space from Lisbon to Vladivostok can now be heard here and there and is gaining traction. Germany’s Foreign Minister, Frank-Walter Steinmeier, has said publicly (while we have been saying it for a long time) that the EU and the EAEU should engage in dialogue. The statement President Vladimir Putin made in Brussels in January 2014, when he proposed the first step by launching negotiations on a free-trade zone between the EU and the Customs Union with an eye on 2020, is no longer viewed as something exotic. All of this has already become part of diplomacy and real politics. Although this is so far only a matter of discussion, I strongly believe that we will one day achieve what is called “the integration of integrations.” This is one of the key topics we want to promote within the OSCE at the Ministerial Council in Basel.
 
Russia is about to assume BRICS and SCO presidency. The two organisations will hold their summits in Ufa. These are very promising organisations for the new age. They are not blocks (especially BRICS), but groups where members share the same interests, representing countries from all continents that share common approaches regarding the future of the global economy, finance and politics.

samedi 15 novembre 2014

Blogpost: 2 faces of Kiev - the hidden bloody show continues video (eng + fr)

This video shows the side of Ukraine's government that the MSN press 'circus' conviently forgets to write, talk or speak about.  All nicely swept under the US administration's carpet, ably & willingly assisted by NATO's & EU.*


The Ukrainian Kiev president, Poroshenko gave a talk in which he readily voiced his "aggressive" attitude towards the people of Lugansk & Donetsk.  So there is no want or wish for a peaceful resolution of the conflict;  far from it. He is also promising things for only part of Ukraine, things that his government can't guarantee because of the economic hole that there are in.

The Ukrainian government, has stopped paying retirement benefits for a while since summer to Ukrainian retirees residing on 'rebel' areas.

The Ukrainian government continues to shell civilian areas & buildings such as hospitals & schools. A recent case in point  is School 63 with 2 youths dead while playing football - http://www.globalresearch.ca/crimes-against-humanity-ukraine-military-shelling-of-school-in-donetsk/5412775   Compare this with the events in Sarajevo during the Bosnia conflict, which was never out of the MSN press.

Clearly, Kiev's intention is make everyone in the east suffer terribly for daring to stand up against the Maidan coup & junta in February. It is part of a slow attempt at genocide of  ethnic Russian speakers, taking place under our noses. So you see, "Ukrainian territorial integrity, the beloved mantra of the EU, US & NATO, has a bloody price tag.

The latest confirmation of this at the highest level from Kiev appears to be this video: VIDEO - Poroshenko: "Their children will hole up in the basements - this is how we win the war!" [ENG SUBS] 




"We will have jobs, they won't!

We will have pensions, they won't!

We will have benefits for retirees and children, they won't!

Our kids will go to schools and daycares, their kids will sit in the basements!

They can't do anything about it...

And only this is how we will win this war! "




*and the flip side is here: USA: "US not aware of Ukraine army violations" - Psaki

Someone has probably forgotten to send her this example of the Ukrainian military evidence of their 'handiwork':

http://rinf.com/alt-news/wp-content/uploads/2014/11/Screen-Shot-2014-11-13-at-8.28.56-AM2.png